Les policiers du service central des Courses et Jeux (SCCJ) s’alarment de la recrudescence inquiétante des vols orchestrés dans les casinos français et européens par des équipes de malfaiteurs astucieux, experts en arnaques. Ces escrocs innovent continuellement, utilisant des stratégies de plus en plus raffinées pour dépouiller les joueurs naïfs.

« C’est un phénomène qui est devenu assez prégnant ces dernières années. Aujourd’hui, nous constatons une multiplication alarmante des équipes de malfaiteurs qui sillonnent la France et l’Europe. Ces individus, souvent originaires d’Amérique latine ou de l’Est de l’Europe, cartonnent avec des techniques de vol et de tricherie dans les casinos, mettant en danger non seulement les joueurs, mais aussi la réputation des établissements », a déclaré ce lundi une source policière bien informée du SCCJ.

A nous les petites roulettes anglaises

Basé à Nanterre, ce service, dont l'une des missions est de surveiller les établissements de jeux, a récemment démantelé un réseau complexe composé de malfaiteurs dominicains. Leur cible privilégiée ? La roulette anglaise, un jeu dans lequel il revient au joueur de déterminer la valeur du jeton coloré. Grâce à l’ingéniosité de leurs complices, ces malfaiteurs parvenaient à détourner l’attention du chef de table. Pendant ce temps, ils en profitaient pour subtiliser quelques jetons, qu’ils remettaient ensuite en jeu avec des mises beaucoup plus élevées, atteignant parfois 100 euros !

300.000 euros de gains frauduleux

Quatre individus ont été appréhendés, le dernier d’entre eux ayant été arrêté en Espagne le 12 novembre. Mis en examen pour leurs actes, ces malfaiteurs sont soupçonnés d’avoir réussi à empocher quelque 300.000 euros de manière frauduleuse. C'est au casino d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise) que ces escrocs avaient commencé à lever des soupçons, attirant l’attention des autorités sur leur modus operandi.

Un second réseau a été identifié, impliquant des ressortissants géorgiens qui se spécialisent dans la roulette anglaise électronique. En utilisant une simple perceuse, ils parviennent à perforer la coque de la machine contenant la roulette et stoppent la boule à l’aide d’une tige, leur garantissant ainsi des gains à tous les coups. Une technique audacieuse, qui met en lumière la diversité des arnaques.

Les machines à sous ouverts au pied de biche

Un Géorgien, membre de cette redoutable « équipe à tiroirs » qui a déjà écumé les casinos en France, au Luxembourg, en Suisse et en Autriche, a été arrêté à Toulouse le 21 novembre. « Il est vrai qu'il existe quelques malfaisants qui ont tenté de modifier le fonctionnement de la roulette anglaise électrique dans plusieurs casinos français », observe Jean-François Cot, secrétaire général des syndicats des Casinos de France, rappelant qu'il s'agit principalement d'actions isolées plutôt que de braquages organisés. En outre, le service des courses et jeux est actuellement sur la piste d’une équipe de Colombiens. Leur arnaque, qui s’étend de la Roumanie au Danemark, en passant par la France et la Suisse, est à la fois ingénieuse et simple.

Ces escrocs introduisent un billet de 500 euros dans certaines machines à sous. Ensuite, ils obtiennent un ticket à code-barres absolument nécessaire pour le jeu, qu’ils se font rembourser. L’astuce réside dans le fait de répéter cette opération jusqu'à ce que la machine soit bourrée de billets avant de l'ouvrir en utilisant un pied de biche. Le butin peut varier de 10.000 à 30.000 euros par machine, une somme considérable qui explique la persistance de ce type d’arnaque dans le milieu des casinos.