La nouvelle, tombée début décembre, ressemblait à un cadeau de Noël avant l’heure. Une loi votée par les députés, le 5 décembre 2023, a fait entrer Saumur (49) dans le cercle très fermé des villes autorisées à avoir un casino. C'était une véritable surprise qui promettait du renouveau dans la région et qui était attendue depuis bien trop longtemps par les amateurs de jeux.

Jusqu’alors, seules les stations balnéaires et thermales pouvaient prétendre à posséder un établissement de jeux. Il y en a 202 à ce jour.

La nouvelle loi, qui vise à « réduire les inégalités territoriales pour les ouvertures de casinos », stipule que, désormais, « les communes sur le territoire desquelles sont implantés, au 1^er janvier 2023, le siège d’une société de courses hippiques ainsi que le site historique du Cadre noir ou un haras national […] », obtiennent l’autorisation. Bingo pour Saumur, qui est le siège du Cadre noir et qui voit ainsi une belle opportunité se dessiner à l’horizon.

« On sera très certainement candidat à l’appel d’offres »

« Saumur se bat pour ça depuis 1993. Collectivement, on a beaucoup travaillé », se réjouit Jackie Goulet, le maire de la ville, contacté ce mardi 23 janvier par téléphone. La municipalité a déjà son plan en tête, et elle est prête à mettre en œuvre une stratégie qui pourrait transformer la ville grâce à l'implantation de ce nouveau casino.

Le lieu d’implantation est trouvé, un ancien cinéma de centre-ville, Le Palace, qu’elle a racheté en bord de Loire. La mairie ne transigera pas sur le choix du site. « On est dans le cadre de la politique Action cœur de ville et de redynamisation du centre-ville. » Ce choix stratégique pourrait redonner vie à ce secteur, attirer des visiteurs et offrir une véritable expérience de divertissement aux habitants et aux touristes.

À Saumur, le calendrier est prêt

Le calendrier est prêt. L’appel d’offres pour la DSP (Délégation de service public) sera lancé avant le 13 février 2024 ; les offres devront être déposées avant le 13 mai et le casinotier sera désigné pour le 13 juillet, comme l’explique le maire. Ensuite, demander les autorisations et commencer les travaux deviendront les prochaines étapes cruciales du projet. Une ouverture est espérée dès fin 2025-début 2026, mais tout doit suivre son cours pour que ce rêve devienne une réalité.

En creux, le jackpot que représentent roulette et bandits manchots fait évidemment saliver Saumur. « On estime que 250 à 1.000 personnes, selon les périodes, viendront chaque jour dans le futur casino, souligne Jackie Goulet. Pour nous, il y a trois niveaux d’intérêt. Au niveau touristique et commercial, au niveau de l’emploi (50 à 80 équivalents temps plein) et en matière de recettes fiscales. » Ce flot de visiteurs pourrait véritablement transformer l'économie locale, offrir de nouvelles opportunités d'emplois et booster le commerce de la ville.

Un jackpot de 1,5 M€ pour La Roche-Posay

Le maire fait référence évidemment au fameux prélèvement sur le produit des jeux. À La Roche-Posay, où le casino Partouche est une véritable institution, le montant total alloué par l’établissement pour l’exercice 2022-2023 dépasse 1,5 M€, selon les chiffres fournis par la direction (1). Un joli pactole ! La crise du Covid n’est plus qu’un mauvais souvenir, et le casino continue à prospérer malgré un environnement en mutation.

Mais le casino de La Roche-Posay, jusqu’à présent unique dans tout le Centre-Ouest, doit-il redouter cette future concurrence à 100 km ? « Nous sommes un des casinos les plus florissants de France, relativise Juan Diez, son directeur. C’est une bonne chose pour Saumur. Ça va créer une émulation car forcément des gens d’Indre-et-Loire qui viennent actuellement chez nous choisiront peut-être d’aller là-bas. » Même s’il y a une préoccupation de la part de La Roche-Posay, le marché des jeux pourrait tout aussi bien bénéficier de cette nouvelle dynamique. « Si ça a un impact pour La Roche-Posay, ce sera à la marge », estime de son côté Jackie Goulet, confiant dans la force d'attraction de son propre établissement.

L’info, c’est aussi que le groupe Partouche (41 casinos), leader dans son secteur, devrait se positionner sur Saumur. « On sera très certainement candidat à l’appel d’offres. On a une solvabilité financière et une vraie crédibilité », plaide Juan Diez. Les paris sont ouverts, et l'intérêt des grands groupes pourrait donner un nouveau souffle à la compétition dans le secteur des jeux.

(1) Le produit brut des jeux est annoncé à 18 M€ avec « une progression à deux chiffres », selon la direction, pour le dernier exercice, clos au 31 octobre 2023.