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Nous sommes au mois de juillet dernier, et après plusieurs mois d’enquête, Jeff alias Houngoungagne publie une vidéo nommée « la sombre réalité derrière CS : GO (jeux illégaux, mensonges et dépendance) ». Celui qui se considère comme « le boomer de YouTube » – suivi par 730.000 personnes sur cette plateforme, auxquels il faudrait ajouter 106.100 abonnés sur Twitch – décide de lancer l’alerte sur un milieu qu’il affectionne particulièrement, la scène CS : GO. Dans sa vidéo, il explore tout : le lien entre les sites de paris en ligne et les influenceurs, les licences, l’absence de protection pour les mineurs. Une véritable bombe dans le milieu. Les révélations qu’il partage ne laissent personne indifférent. Ni les jeunes passionnés de jeux, ni les parents qui pensent que leurs enfants jouent simplement à des jeux vidéo innocents. Des discussions qu'il provoque sur les forums de gaming et les réseaux sociaux montrent que le sujet touche les cordes sensibles de nombreux joueurs.
Après la sortie de la vidéo, des premiers messages arrivent dans sa boîte de réception. Ce sont des influenceurs, des streameurs, des éditeurs. Tous le félicitent pour son enquête mais la bombe se transforme en pétard mouillé. Aucune prise de conscience ne bouscule leur quotidien. « Le lendemain, je les voyais sur leur live en train de faire la promo des mêmes sites de merdes et rien n’a changé », regrette désormais Jeff. Il se rend compte avec amertume que malgré son courage, les esprits restent fermés. Après la fougue des premiers jours, Jeff a même essuyé quelques vagues de haine en ligne, jusqu’aux menaces de mort. Cela démontre à quel point son message dérange ceux qui préfèrent fermer les yeux sur cette réalité plutôt que d'affronter les conséquences de leurs actions.
Certains joueurs décideront de lui coller le surnom de « Greta Thunberg des CS : GO ». « Mon combat n’est pas contre le fait de jouer avec son argent, mais contre l’idée que ce genre de produits soient si accessibles à n’importe quel âge et n’importe où alors qu’ils ne devraient pas. » Son constat fait écho à une appréhension croissante parmi les parents et les experts sur l'accessibilité des jeux d'argent pour les mineurs. Jeff devient alors un porte-parole involontaire d’un mouvement, bien qu’il soit encore en quête de soutien et de reconnaissance dans une industrie qui privilégie souvent le profit à l'éthique.
La responsabilité des influenceurs
Pour la grande majorité des jeunes parieurs interrogés, les vidéos des streameurs et les tournois sont en effet une porte d’entrée vers ces casinos en ligne. « C’est difficile de rater ces sites. Il y a des promotions sur les vidéos YouTube, des sponsorisations. Ils sont omniprésents », souligne John, 21 ans. Cette omniprésence crée un effet de normalisation, ce qui est particulièrement préoccupant pour ceux qui prennent conscience des dangers que cela représente. Léo, 16 ans, a de son côté pu s’inscrire grâce au parrainage d’un Youtubeur, une méthode qui semble innocente mais qui ouvre la porte à des conséquences désastreuses. Même chose du côté d’Ismaël, 19 ans. « Comme ces vidéos me divertissaient sur YouTube, j’ai commencé à essayer de jouer sur ces sites avec des bonus quotidiens gratuits ou des codes que certains influenceurs sponsorisés partageaient. » Ce phénomène souligne l'impact pernicieux des bailleurs de fonds sur la jeunesse, qui, au lieu de recevoir des messages de prudence, se heurte à une glorification des paris en ligne.
Pour ces streameurs, les sites de paris en ligne sont de gros investisseurs. Des sommes pharaoniques leur sont proposées pour voir le logo des sites de casino apparaître sur les lives. Cela leur offre un style de vie enviable, mais à quel prix ? A son tour, Jeff s’est vu proposer il y a quelques mois une offre astronomique. Pour huit vidéos YouTube par mois et vingt streams Twitch mensuels, un site le payait 120.000 $ par mois auquel s’ajoutait 1.500 $ à chaque tranche de vingt minutes de live. Un salaire de joueur de foot que Jeff a refusé par éthique. « Non seulement les sites sont illégaux, mais en plus ils sont immoraux par leur fonctionnement. » Il sait que cette décision pourrait lui coûter des opportunités, mais il se sent moralement contraint d’agir. Le dilemme entre l’argent facile et la responsabilité sociale pèse lourd sur les épaules des créateurs de contenu, et peu d’entre eux sont prêts à renoncer à ces bénéfices.
Mais dans cet univers très concurrentiel, Jeff est seul à s’élever contre cette mécanique bien huilée. Très peu de joueurs influents CS : GO ont suivi son exemple. « Quand il y a tant d’argent en jeu, quand on gagne 600.000 euros à l’année on a très peu d’intérêt à avoir du recul sur ce qui nous rapporte autant d’argent. » Suivi par 10.300 abonnés sur Twitch, Gauthierlele assume lui être sponsorisé par un site, Farmskin. « Ça nous permet de vivre du stream. » Bien que cela puisse sembler être une opportunité, cela soulève des questions éthiques sur l'influence qu'ils exercent sur leur jeune public. Sponsorisé par un autre site auparavant, celui-ci a souhaité renégocier « sa valeur marchande » sans pour autant en vivre. Quand on l’interroge sur son rapport à l’éthique, Gauthier assure être conscient du paradoxe. Les sites de pari en ligne, il y a joué lorsqu’il était encore mineur. Il a même connu « la spirale infernale » des jeux d’argent. Alors il explique faire de la prévention sur les paris en ligne à chaque session sur ses réseaux. « Nous, notre travail c’est bien sûr de dire à tous que ces sites-là sont comme les casinos. Nous savons que ça a causé des malheurs et que ça en causera encore. Il faut dire qu’il faut y aller pour le plaisir de parier car le site sera toujours gagnant sur le long terme. » Cela souligne l'importance d’un message clair et honnête, mais reste-t-il entendu parmi les jeunes abonnés friands de contenus divertissants et d'adrénaline ?
Le site CS:Go Roll, partenaire officiel d'une des plus grandes équipes de la scène « Counter-Strike »
« Nous savons que ces sites causent des malheurs »
Pourtant la prévention est encore trop insuffisante. D’après Jeff, il existe même un réel « phénomène de banalisation ». « Leurs Youtubeurs favoris font des vidéos sur les sites et gagnent des dizaines de milliers d’euros. Quand ils jouent, ils crient, ils ont l’air heureux, ils sont excités et forcément c’est attrayant. Si en trois clics, ton Youtubeur favori a gagné entre 15.000 et 20.000 euros, tu te dis que tu vas essayer aussi. » Cela crée une culture du pari qui est alarmante, surtout lorsque ces figures de proue sont des idoles pour de nombreux jeunes. Leur comportement et leur influence définissent de nouvelles normes, posant des questions morales sur leurs responsabilités. Poussant la banalisation un peu trop loin, certaines unions ont parfois provoqué une gêne palpable. En mai dernier, lors du Major de Paris, la puissante équipe G2 a annoncé un nouveau partenariat avec le site de paris en ligne CSGORoll. Grosse annonce qui méritait bien une vidéo commerciale avec le nouveau joueur vedette, un dénommé mONESY. Problème, ce jeune professionnel russe est né seulement en mai 2005 et n’avait pas encore dix-huit ans quand il tournait les premiers clips professionnels pour son sponsor. Cela soulève des interrogations sur la moralité de la promotion de tels sites à des publics jeunes. Malaise immédiat dans la communauté, qui se demande comment ce partenariat a pu voir le jour. Les récriminations restent toutefois discrètes : Monesy est toujours le visage publicitaire de CSGORoll, ce qui laisse pour le moins sceptique sur la volonté des acteurs d’empêcher le très jeune public de perdre de l’argent qu’il n’a pas, sur des sites qu’il ne devrait pas fréquenter. Les enjeux économiques et éthiques se croisent dans cette dynamique. L'avenir du gaming et de la législation entourant les jeux d'argent en ligne reste à surveiller de près.