**Les amateurs de jeux d'argent en ligne se laissent souvent séduire par les sites de casinos, qui rivalisent avec des offres alléchantes et des promotions irrésistibles. Pour capter l'attention des joueurs, les concepteurs de ces plateformes utilisent un arsenal technologique avancé, allant jusqu'à la diffusion de vidéos truquées, comme celle d’un célèbre acteur récemment décédé, où il serait prétendument en train de promettre des gains exorbitants. Le message sous-jacent est clair : l'illusion d'opportunités financières immédiates est omniprésente, attirant de plus en plus de personnes dans le piège dangereux des jeux d'argent.

Une addiction loin des regards

C'est le parcours affligeant d'Idris, un joueur qui a été piégé par l'illusion du gain. "J'ai commencé avec des mises modestes, mais j'ai vite sombré dans une spirale infernale," confie-t-il. "Au début c'était excitant, mais plus je perdais, plus je voulais récupérer mes mises, et cela m’a conduit à perdre bien plus que je ne l'avais prévu."

Bien qu'il ait cessé de jouer depuis quatre mois, la tentation demeure présente :

"Chaque jour, je ressens l'appel. Hier même, quelqu’un m'a touché le sujet et j'ai envisagé de replonger avec une mise de 30 euros."

"Et ça va vite," soupire-t-il. "J'ai été aspiré." Le véritable danger, c'est que les joueurs n'ont aucune protection contre les conséquences désastreuses d'une addiction ou d'un surendettement. Alors qu'il est possible de se faire interdire l'accès aux casinos physiques, il n'existe pas de tels mécanismes dans l'univers virtuel, laissant les joueurs vulnérables.

Contournement de la licence française et faux logos

Ces sites de jeux d’argent en ligne doivent naviguer dans un labyrinthe légal pour exister. Pour cela, ils acquièrent facilement des licences dans des juridictions offshore, comme Curaçao. Mieux encore, plusieurs de ces entités illégales n’hésitent pas à arborer le logo de l'ANJ, donnant ainsi l'illusion d'une opération légale et sécurisée pour les joueurs, ce qui est une tromperie flagrante.

Le marché français, étant particulièrement juteux, devient une arène pour les cybercriminels qui se battent pour s'assurer une part du gâteau. On assiste même à ce que certains appellent un « cannibalisme numérique », où des sites illégaux pillent les idées de leurs concurrents pour attirer encore plus de joueurs, nous met en garde Isabelle Djian, déléguée générale de l’AFJEL.

“Il s'agit d'une cybercriminalité qui a bien compris qu'il y avait une très grosse demande de jeux de casino en ligne.”

"Cette demande ne peut pas trouver d’équivalent sur le marché régulé, puisque ce n'est pas autorisé en France," explique-t-elle. "Ainsi, les cybercriminels exploitent ces lacunes pour proposer des offres encore plus alléchantes." En continuant, elle dévoile les coulisses d'un monde où se mêlent vol de données privées, techniques d'hameçonnage, et la propagation de logiciels malveillants. L’AFJEL a calculé que ces plateformes illégales causent un manque à gagner d'un milliard d'euros par an pour l’État français.

Légaliser les casinos en ligne pour assécher les illégaux ?

Pour faire face à ces menaces, l'Autorité Nationale des Jeux a bloqué plus de 2 360 sites depuis mars 2022, un chiffre qui a doublé par rapport à la décennie précédente. Cependant, cette approche est loin d'être suffisante. Une fois bloqués, ces sites ressurgissent presque immédiatement sous de nouvelles adresses. Une liste noire des sites interdits est accessible sur le site de l'ANJ, qui a également pris des mesures pour sensibiliser des plateformes affiliées comme Google. De plus, Twitch a interdit ces derniers temps à tous les influenceurs de promouvoir les casinos en ligne sur son réseau, une initiative qui vise à réduire l'exposition des jeunes à ces pièges virtuels.

L'une des solutions envisagées pour réduire l'impact de ces jeux illégaux est d'élargir l'offre légale en modifiant la loi de 2010. Cependant, cette idée est contestée par Gaëlle Palermo-Chevillard de l'ANJ, qui souligne que même dans des pays où les casinos en ligne sont légalisés, comme au Portugal, une large part de la population continue de fréquenter des sites illégaux. “En Belgique, par exemple, près de 60% des joueurs se tournent vers des opérateurs non réglementés, prouvant que la légalisation à elle seule ne résout pas le problème,” ajoute-t-elle.

“La Belgique est un marché particulièrement ouvert, mais parmi les 10 opérateurs les plus populaires, quatre sont illégaux,”

En outre, l'ANJ doit maintenant se pencher sur un nouveau type de menace : les Jonums, ou jeux numériques à objets monétisables. Ces jeux vidéo permettent aux participants d’acheter des objets virtuels en échange d’argent réel, créant une zone grise entre le divertissement, le secteur financier et les jeux d’argent. Ce phénomène incarne un nouveau visage de l'offre illégale, ajoutant une dimension supplémentaire au défi que doit relever l'ANJ.